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AILLET Lucien

Lucien Aillet est né au Havre le 7 mai 1883. Il s’est éteint à Plougasnou (Finistère) dans sa 93ème année. Aîné d’une famille de 6 enfants, originaire de Saint -Briac, où l’on devenait marin par atavisme. Après une enfance vécue au Havre, à St-Nazaire et à St-Briac, il prit la mer à l’âge de 14 ans comme mousse de chambre à bord du 4-mâts barque NORD de la Maison Antoine-Dominique Bordes. Le NORD, construit à Glasgow, en 1889, jauge 2756 Tx, port 5150 Tx, était à l’époque le 2ème voilier de France: Il n’y avait de plus grand que le 5-mâts FRANCE (port 5950 Tx). Il était commandé par le capitaine Harang, de St Briac, un des doyens de la Maison Bordes, ayant une trentaine d’années de commandement aux Mers du Sud. Lucien Aillet embarque à Dunkerque le 11 octobre 1897. Le NORD appareille pour la Tyne le 13 et accoste à South Shields le 15. Départ le 29 pour Valparaiso pour ordres, avec un chargement de charbon. Equateur et baptême de la ligne le 26 novembre. Ile des Etats, le 20 décembre. Pris les ordres à Caroumilla le 24 janvier 1898, après 77 jours de mer. Arrivée à Iquique le 24.Départ vers la France par le Cap Horn avec le plein de phosphates le 11 février. Iles Sorlingues le 23 mai. Pris la remorque du JANE JOLIFE à Start-Point le 28 mai1878. Mouillé en rade de Dunkerque le 30 mai après 108 jours de mer. Entré dans le port le 4 juin. Débarqué le 5 juin 1898. Après quelques jours de congé, il rembarque sur le NORD le 18 juin 1898, à Dunkerque, cette fois comme mousse de pont. Le NORD est cette fois commandé par le capitaine Guguen, de Saint Briac, autre doyen de la Maison Bordes. Appareillage le 20 juin pour la Tyne. Arrivée à South-Shields le 22. Départ le 6 juillet pour le Chili. Equateur le 6 août. Côtes de Patagonie en vue le 23 août sous un pampero. Resté 48 heures sous le foc d’artimon et la moitié du grand hunier fixe arrière, toutes les autres voiles ayant été arrachées. Le beau temps revenu, il fallut faire route au Nord pour enverguer une nouvelle voilure et redresser le navire, le chargement de charbon ayant ripé sous le vent. Repris la route au Sud, Iles des Etats le 13 septembre. Iles Diego Ramirez le 19. Pris les ordres à Caroumilla le 11 octobre après 97 jours de mer. Mouillé au large de Iquique le 21 octobre. Appareillé le 11 novembre. Ile Diégo-Ramirez et Cap Horn le 30 novembre 1898. Equateur le 6 janvier 1899. Ile Florès (Açores)le 29. Start- Point le 7 février 1890. Traversée de la Manche de Lizard à Dungeness à la vitesse de 15 nœuds par forte brise de NNW. Pris la remorque du VICTOR et mouillé en rade de Dunkerque dans la soirée après 89 jours de mer. Entré dans le port le lendemain. Débarqué le 10 février 1899. Il rembarque de nouveau sur le NORD à Dunkerque le 24 février 1899, toujours comme mousse de pont. Le navire est commandé cette fois par le jeune capitaine Bégaud de l’Ile de Ré. Sortie du port le 25 février 1899. La Tyne du 27 février au 13 mars, pris la route vers le Chili. Passé par le détroit de Lemaire entre la Terre de Feu et l’Ile des Etats le 13 mai 1899. Ce passage est assez rarement utilisé par les grands voiliers à cause de ses nombreux dangers. Le 16 mai 1899, passé à faible distance du Cap Horn par un temps radieux, avec forte brise de NNW, toutes voiles dehors. Une quinzaine de grands voiliers étaient en vue faisant route dans les mêmes conditions. Croisé une quinzaine de contrebordiers qui, grand largue, ne perdaient pas de temps non plus - Journée rare et inoubliable! - Pris les ordres à Caroumilla le 4 juin, après 83 jours de mer. Mouillé à Iquique le 11 juin 99. Appareillé le 28 vers le Cap Horn et l’Europe. Equateur le 21 août. Iles Sorlingues le 27 septembre 1899, Dungeness le 29, mouillé en rade de Dunkerque le même jour, après 93 jours de mer. Entré dans le port le 2 octobre 1899, débarqué le 3 octobre 1899.Après un mois de repos, il embarque comme novice sur le 3-mâts barque SEINE à Rouen, le 5 novembre 1899. Construit à Rouen, en 1899 ce 3-mâts barque avait une jauge de 1586 Tx et un port en lourd de 2750 Tx. Il était commandé par le Capitaine Lojou d’Audierne, un souqueur de toile. Départ de Rouen pour la Tyne le 11 novembre 1899.Arrivée à North-Shields le 14 et départ le 22 avec un chargement de charbon. Passé Lizard le 29 novembre. Aperçu l’Ile San Antonio (Cap Vert) le 13 décembre 1899. Passé l’Equateur le 20 décembre, L’île des Etats le 17 janvier 1900. Ile de Juan Fernandez (sans Robinson) le 9 février 1900. Arrivée à Iquique après 86 jours de mer le 16 février 1900. Reparti le 11 mars. Passé le Cap Horn d’ouest en est en 3 jours par tempête de suroît comme il est fréquent dans cette région, avec les 2 huniers fixes et la misaine pour toute voilure.. Un trèfle d’empointure de la misaine s’étant cassé, et pour ne pas serrer une voile trop utile, maintenu en permanence un homme sur la vergue à doubler les envergures en fil de fer au fur et à mesure qu’elles se rompaient. Le coup de vent terminé alors que le navire se trouvait au sud des Falkland, il restait moins de la moitié de la misaine. Rétabli la voilure et fait route au Nord. Vu les Roches Martin Vas le 19 avril. Franchi l’Equateur le 27 avril 1900. Dans les alizés on bouchait les espaces sous les basses voiles avec les tentes enverguées au ras du pont, les voiles des embarcations établies et en aucun cas il ne fallait, au plus près, ouvrir un hublot au vent, même dans les Pays Chauds ! Start-Point par le travers le 24 mai 1900. Pris la remorque du TITAN à Beachy Head le 25. Entré dans le port de Dunkerque le 26 mai 1900 après 75 jours de mer. Débarqué de la SEINE le même jours. Le 3-mâts SEINE s’est perdu sur la Côte Anglaise, à Pennant Port, en décembre 1900 au retour de son second voyage au Chili.Agé alors de 17 ans, Lucien Aillet interrompt sa navigation pour suivre à l’Ecole à St Lunaire les cours de Monsieur Renaud du 11 juillet 1900 au 25 mai 1901, puis les cours d’Hydrographie du professeur Cousin à Saint-Brieuc du 3 juin 1901 au 18 mars 1902.

Il reprend la mer comme matelot sur des bâtiments à vapeur : ANJOU de la Compagnie de la Seine sur la ligne Paris-Londres (très agréable en été), SAINT-THOMAS de la Société Navale de l’Ouest (Côtes d’Espagne, Portugal, et Algérie), puis sur le yacht SITA avec lequel il se rend à Portsmouth pour assister à la revue navale des escadres anglaises par le roi Edouard VII le 16 août 1902. Il suit les cours d’hydrographie du professeur Cousin, du 22 août au 8 novembre 1902. Reçu élève de la Marine Marchande fin 1902.

Service militaire de mars 1903 à mars 1904 : Incorporé au 2ème dépôt à Brest, puis en détachement de Brest à Toulon en chemin de fer (4 jours de trajet ). Embarqué sur le cuirassé BRENNUS, navire école à bord duquel il eut l’occasion avec toute l’Escadre de Toulon, d’effectuer un voyage intéressant à Carthagène (Espagne) où se déroulèrent de grandes fêtes en présence du jeune roi Alphonse XIII, qui fut reçu en grande pompe sur le bâtiment amiral français.A l’issue de son service militaire il embarque le 8 mai1904 à Tyne Dock (Newcastle) comme lieutenant sur le 3-mâts barque JOINVILLE de la Société Anonyme des Longs Courriers Français, commandé par le capitaine Clot. Madame Clot se trouvait à bord (Le capitaine Clot s ‘est noyé pendant la guerre de 1914-1918 à la suite d’un torpillage). Quitté Tyne Dock le 28 mai 1904 à la remorque du WARRIOR, en route pour San Francisco. Largué la remorque à Dungeness le 30 mai1904. Aperçu l’île San Antonio (Iles du Cap Vert) le 25 juin. Franchit l’équateur le 8 juillet 1904 par 34° 30’Ouest. Ne pouvant pas doubler le cap St Roque, repassé l’équateur le 15 juillet par 33° 45’Ouest, puis de nouveau le 17 juillet par 33° Ouest. Etant pris entre l’Amérique du Sud sous le vent, et les alizés du S-E, il fut impossible de porter bon plein, ce qui laissait présager une longue traversée. Vu l’Ile des Etats le 1er septembre 1904, l’île Diego Ramirez le 5 et l’île Londonderry le 13 septembre 1904. Passé un bon mois au Sud du Cap Horn avec des tempêtes d’Ouest en série. Coupé l’équateur le 1er novembre 1904 par 116° ouests. Arrivé à San Francisco le 28 novembre 1904 après une traversée de 6 mois jour pour jour depuis la Tyne.Plusieurs navires partis en même temps que le JOINVILLE, tels que le BIARRITZ et le GENERAL FAIDHERBE, avaient effectué la même traversée en moins de 5 mois. Navires français rencontrés : CHARLES GOUNOD, ERNEST SIEGFRIED, DAVID D’ANGERS, GENERAL FAIDHERBE,A.D.BORDES, MARTHE ROUX, VINCENNES. Débarqué à San Francisco le 6 décembre 1904, embarqué le lendemain comme lieutenant sur le 3-mâts barque BRENN, de la Compagnie Celtique Maritime, construit à Saint-Nazaire. Appareillé de San Francisco, sur lest le 22 décembre 1904 pour Adélaïde (à ordres). Franchi l’équateur le 14 janvier 1905 par 149° W. Vu l’Ile Vostock le 20 janvier 1905. Ce fut la seule île aperçue pendant cette traversée en diagonale de l’Océan Pacifique, pourtant parsemé d’une quantité d’îles. Coupé le méridien 180° par 28° Sud le 7 février avec saut de la date. Reconnu le Cap Green le 20 février 1905. Arrivé à l’entrée du Détroit de Bass et aperçu les îles Kent le 23. Resté en travers à attendre le vent favorable, car dans le détroit se trouvent de nombreux îlots, et les grands voiliers ne peuvent le traverser que par bon vent. Vu les îles Sisters et Flinders le 24, le promontoire Wilson le 26 février 1905. Sorti du détroit de Bass le 27 entre les îles Moncoeur et Rotondo. Doublé le passage Backstairs entre l’île Kangaroo et le continent australien le 5 mars 1905, pour entrer dans le Golfe d’Adélaïde et mouiller en rade du Sémaphore le 6 mars après 75 jours de mer. Reçu l’ordre d’aller charger du blé dans le golfe de Spencer.Remis à la voile le 12 mars. Navigation délicate dans les golfes. Heureusement que le temps y est généralement beau. Vu l’île Althorpe le 13 mars, l’île Wedje dans les îles Gambier, et le Cap Corny le 14. Mouillé en rade de Port Brougton le 15 mars 1905, à 8 milles de terre, avec juste assez d’eau sous la quille pour pouvoir repartir après chargement. Port Brougton est un petit village de 150 habitants où un seul navire est venu avant le BRENN. C’est le centre d’une région céréalière. On brûle la paille sur place, avec deux moissons par an. Un petit vapeur à roues, apporte chaque jour, 100 tonnes de blé. Appareillé le 18 avril 1905, chargement terminé. Iles Wedje et Althorpe en vue le 20. Doublé le Cap Borda le même jour. Le 7 mai 1905, franchi le Méridien 180° par 50° Sud avec redoublement de la date. Les chronomètres arrêtés le 14 mai (la position ne sera contrôlée que le 15 juillet avec l’INCHMONA). Le 10 juin, aperçu un iceberg dans les parages du Cap Horn, par 49° 16 ‘ Sud. Depuis l’Australie, il faut compter environ deux mois de vent arrière dans les grosses brises du Pacifique Australe. Franchi l’équateur le 4 juillet 1905. Une dizaine de jours dans le calme par 10° Nord. Bishop Rock en vue le 20 août 1905. Mouillé en rade Falmouth à ordres le 21 août, après une traversée de 125 jours réussis dans des conditions parfaites, cependant, elle fut marquée par 2 incidents qui auraient pu avoir des conséquences sérieuses et même dramatiques: Premier incident : dans le Sud de la Tasmanie, le Capitaine avait laissé s’arrêter les chronomètres par inadvertance. Il n’a été possible de contrôler la position que 85 jours plus tard, dans la zone de calme par 10 ° Nord, où se trouvait un grand nombre de navires. La position du BRENN était entachée d’une erreur en longitude d‘environ 3 °. Un des navires en vue, le 3-mâts RENE, Capitaine Macé, second Malbert, devenu plus tard célèbre dans le sauvetage maritime, ayant lui aussi ses chronomètres arrêtés, demande le point au BRENN, qui lui donne bien volontiers, mais sans lui dire que 48 heures plus tôt, il était dans le même cas. Quelques jours après l’arrêt de ses chronos, le BRENN voulait passer près de l’Ile Auckland, située sur sa route afin d’y effectuer un réglage. Mais y passant de nuit, il fallut s’en écarter, alors que s’y trouvait réfugié l’équipage du 3-mâts ANJOU qui venait de faire naufrage et qui ne fut rapatrié que quelques mois plus tard.Deuxième incident : en Australie, le capitaine décide d’acheter de la farine pour faire du pain pour l’équipage pendant la traversée du retour, car il était plus facile de se procurer de la farine à Port Brougton que du biscuit de mer. Il demande au jeune cambusier la quantité nécessaire, mais la trouve exagérée. Il n’en acheta qu’une partie. En ce qui concerne l’eau, elle serait distillée à bord. Une fois en mer, lorsque le capitaine fut bien remis des fatigues de l’escale, il s’aperçut qu’il n’avait pas pris suffisamment de farine pour le voyage et qu’il n’avait pas assez de charbon non plus pour distiller l’eau, en ayant vendu une trop grande quantité à San Francisco. Mais cette question fut vite réglée grâce aux bons soins de la Providence, qui fit tomber une pluie bienfaisante dès le départ, et du Pot au Noir qui se chargea de refaire le plein.Pour le pain quotidien, il fallut moudre à l’aide du moulin à café de l’équipage du blé pris dans la cale, puis enlever le plus gros du son en soufflant sur le tamis. La farine ainsi obtenue, mélangée par moitié, avec la bonne farine blanche, faisait au début un pain excellent. Un novice était affecté en permanence à la manœuvre du moulin à café. Mais inconvénient imprévu, le moulin s’usait, si bien qu’au bout de trois mois il cassait seulement les grains en deux ! C’est à ce moment, le 3 août, que Malbert du RENE déjà cité, est venu à bord du BRENN, et il fut convenu d’échanger du biscuit de mer contre quelques douceurs destinées à Madame Macé, autre bienfait du Pot au Noir qui avait permis la rencontre et la visite. Si bien que la traversée, commencée sous d’inquiétants auspices, se déroula pour ainsi dire sans histoire et se termina d’une façon parfaite. A Falmouth, reçu l’ordre d’aller décharger le blé à Cardiff. Appareillé de Falmouth à la voile, le 31 août. Arrivé à Cardiff le 2 septembre 1905. Désarmé le 4 septembre Réarmé le 5 septembre. Débarqué le 16 septembre et rentré en France par l’ALMA, (Le Havre –Southampton.) Quelques-uns uns des bâtiments français rencontrés en route : SAINTE-ANNE, LA BRUYERE, SURCOUF et le secourable RENE étaient arrivés.Après ce long voyage aux multiples péripéties, et un peu de repos, embarquements divers sur des bâtiments à vapeur de 1906 à 1908 : Paquebot BRETAGNE de la Compagnie Générale Transatlantique sur le Havre - New-York, VILLE DE TARAGONE, de la Compagnie Havraise Péninsulaire, pendant 15 mois avec voyage sur le Maroc et l’Algérie et au retour, escale à Malaga (Espagne), très appréciée. Le 8 juillet 1907, déchargé à Casablanca qui n’était alors qu’une bourgade arabe, des matériaux usagés provenant du port du Havre et destinés à l’entreprise Schneider qui allait construire le port de Casablanca. Le contremaître réceptionnaire était originaire de Nuits Saint Georges. Ce malheureux fut assassiné peu après, avec une quinzaine d’ouvriers français. Le croiseur GALILEE, commandant Jaurès, frère du tribun Jean Jaurès, intervint et ce fut le début de la conquête du Maroc. Embarqué sur le VILLE DE TARRAGONE qui fut coulée par abordage, à l’entrée du Port du Havre le 13 novembre 1907 par le vapeur SUZANNE ET MARIE qui en sortait. Le navire fut abandonné et coula dans l’avant port, au sud de la passe, 3 minutes après avoir été abordé. Pas de victimes. Reçu capitaine au long cours à Nantes en 1908, puis au concours des pilotes de la Seine en 1909. Pilotage sur la Seine pendant 25 ans de 1909 à 1934. Au début de la guerre de 1914-1918, mobilisé sur place. Affecté à la réception des Anglais qui envoient des troupes en France. Par la suite, Rouen a approvisionné un secteur du front au sud de la Somme.10 ou 15 transports remontaient la Seine chaque jour : paquebots pour les troupes, navires-hôpitaux, cargos chargés de munitions et de toutes les marchandises nécessaires pour alimenter le front. Pour les munitions, les Anglais avaient construit, loin du port, à Grand Quevilly, un appontement pour 4 bâtiments qui travaillaient sans interruption 20 heures par jour. Les grues déposaient les élinguées de munitions sur des camions qui allaient les charger un peu plus loin directement sur des wagons. Trois millions et demi de tonnes sont ainsi passées par Rouen pendant la guerre. Aussitôt un navire déchargé, un autre mouillé en face prenait sa place. Les approvisionnements pour la France, étaient également transportées par des navires français et des Neutres, surtout les Norvégiens. Tout le port était utilisé pour les besoins de l’Armée. Les bâtiments de Commerce étaient amarrés sur des bouées en aval du port et déchargeaient par leurs propres moyens. Les Belges nous avaient appris à décharger le charbon avec des paniers, et cela allait très vite. Malgré une navigation très intense, toute la guerre s’est passée sans qu’il y ait eu à déplorer sur la Seine des accidents graves.Le capitaine Aillet dût quitter le pilotage à l’âge de 51 ans, à cause de sa vue. Il se retira à Plougasnou, pays d’origine de sa belle-famille, auquel il s’attacha très vite. Malgré ses ennuis oculaires, il continua à déployer une grande activité tant qu’il fut valide : pêche côtière, jardinage, culture florale, travaux d’entretien de son bateau et de sa maison, confection d’engins de pêche (casiers, trémails, filets de barrage), bricolage en tous genres, tout en consacrant ses loisirs à ses distractions préférées : photographie, collection de timbres et de cartes postales, documentation concernant les belles régions de France, les monuments, les hommes célèbres, la navigation à voile etc, et les coiffes bretonnes ! Il conserva un souvenir ému et très vivace de ses années de navigation à la voile et il avait rassemblé un grand nombre d’ouvrages traitant de l’épopée des Grands Voiliers. Bien que d’une grande modestie, il était très fier d’appartenir à la grande confrérie des Cap Horniers et il demeura très attaché à leur Association Amicale, comme à ses vieux amis et à sa famille. Bien que sérieusement handicapé depuis de longues années par de l’arthrose, il fit preuve jusqu’à sa mort d’un grand courage et de beaucoup de bonté et de générosité, conservant un moral excellent, une constante bonne humeur et une grande sérénité, ce qui était très méritoire étant donné son état de santé..